jeudi 16 juin 2011

Dans les coulisses de JCDC

Pour mon travail de fin d'année à l'EFAP, j'ai du créer avec mon groupe de TD un magazine en prenant pour modèle la maquette du Nouvel Observateur. En charge de la double page portrait, j'ai décidé de m'intéresser à l'envers du décor de la maison de couture de Jean-Charles de Castelbajac. Mon article va peut-être encore subir quelques modifications, mais je ne pouvais pas attendre et j'avais vraiment envie de le partager avec vous. J'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j'ai eu à l'écrire ! C'est parti.

* * *

portraitJC photographe Louis Marie de Castelbajac

Jean-Charles de Castelbajac est de ces créateurs comme on en voit peu aujourd’hui. Passionné et proche de son équipe, cet artiste pop crée ses vêtements comme des œuvres d’art depuis 1968. Consécration, son dernier défilé « Man/Ray » pour la collection automne-hiver 2011/2012 a été couvert par Style.com, le site du fameux Vogue US dont Anna Wintour est la prêtresse. Malgré l’annonce du redressement judiciaire de sa maison de couture le 3 mai dernier, Monsieur, comme l’appelle son équipe, reste maître en ses lieux. Portrait d’un créateur vu au travers de son équipe.

Avant de travailler à ses côtés, les membres de l’équipe du studio de création de Jean-Charles de Castelbajac ont d’abord été de grands admirateurs du créateur. Le milieu Parisien favorisant les rencontres, leurs chemins se sont croisés et ils ont depuis décidé de continuer la route avec lui, portés par les histoires qu’il leur raconte. Car oui, Jean-Charles de Castelbajac, 62 ans, est un conteur né. Chaque nouvelle collection commence par une récit que l’équipe écoute attentivement. Ses inspirations artistiques mêlées à des symboles pop (Blanche Neige à New York par exemple) et à la musique sont appelées « inputs ». C’est à l’équipe d’en saisir ensuite les tenants et aboutissants pour travailler dessus et ainsi donner naissance à des vêtements tous plus originaux les uns que les autres.

Jean-Charles de Castelbajac s’inscrit dans un vrai processus de création. Loin des codes stylistiques « imposés » par les tendanciers et repris par le « mass market », le Studio innove, remet en question, « brainstorme » et fait vivre des idées. Toute l’équipe s’accorde sur le plaisir éprouvé à travailler aux côtés de cet homme tombé dans la Mode à seulement 17 ans en sortant du pensionnat. Jamais ils n’avaient évolué dans un tel environnement d’émulation artistique. Jean-Charles de Castelbajac est présent, partage son imagination et sa vision des choses tel un compositeur de musique.

Son chef d’orchestre au Studio est Céline Lopes, directrice de collection et du Studio. Anciennement en poste chez Carven, elle rencontre Jean-Charles de Castelbajac en juin 2010. C’est le coup de foudre professionnel. L’un recherche un moyen de transcender ses idées de façon concrète et rentable tandis que l’autre y voit une opportunité en or pour apporter ses connaissances en management à une maison Créateur à fort potentiel. Céline Lopes confie avoir toujours été « très attirée par la mode, tout en se sachant incapable d’être styliste ». Après un baccalauréat scientifique et une prépa HEC, elle se tourne vers l’IFM, l’Institut Français de la Mode, afin d’y valider un MBA spécialisé dans le management de la mode. Sa rencontre avec Jean-Charles de Castelbajac était écrite. « Monsieur et moi sommes très complices. Nous travaillons en véritable symbiose professionnelle. Il pense, j’exécute ». En tant que bras droit de Monsieur de Castelbajac, Céline Lopes est donc en charge de l’exécution des tâches administrées à chacun suivant un planning et un budget rigoureux mis à leur disposition. En matière de mode, le temps est très important et il faut savoir l’apprivoiser et le gérer de façon optimale. Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Preuve en est, le planning de la saison automne-hiver 2012-2013 est déjà prêt. Cette avance permet une réflexion et une remise en question permanentes, nécessaires à la création qui elle n’existerait pas sans l’équipe de stylistes/modélistes.

Sophie Naze en fait partie. Styliste diplômée de l’école Duperré, elle effectue un stage de fin d’année au Studio de Jean-Charles de Castelbajac pour le défilé « Be Bop Ma Lola» de la collection automne-hiver 2009-2010. Sa fierté ? Le manteau Kermit, sur lequel elle a travaillé. Sophie assistera ensuite à la création de la ligne de prêt-à-porter « JC/DC » et ne quittera plus le Studio. Sophie Naze travaille sous le regard de Jean-Charles de Castelbajac qui valide ses recherches iconographiques, ses dessins et idées de déclinaisons avant de se lancer dans une étape de création courte (environ un mois) comparée à celle de réflexion. « Les rapports avec Monsieur sont intenses. Il est très disponible et ouvert, nous avons une vraie proximité ».

Jean-Charles de Castelbajac sait s’entourer d’une équipe jeune et dynamique. Simon Pillard, son bras droit à la direction artistique, a seulement 22 ans lorsqu’il arrive en stage au Studio. Alors diplômé de l’ESAD, l'école de design de Reims, Simon travaillera sur le graphisme et son importance sur la forme du vêtement aux côtés de Monsieur qui prend alors le rôle de mentor. « C’est lui qui m’a formé. C’est très important pour comprendre tous les codes et l’ADN de la marque. Le style est pop mais épuré, travaillé, étudié et codifié. » Tout est dans le choix des couleurs, des imprimés et l’importance du décalage ici appelé « accident graphique » qui en font la signature de la marque. En poste depuis maintenant 7 ans, Simon Pillard parle de Monsieur de Castelbajac avec fierté et admiration. « Il n’est pas seulement styliste, sa vision est bien plus globale. Il remet en question l’Art et la Mode comme personne. »

Jean-Charles de Castelbajac fourmille d’idées et les projets n’arrêtent pas. Léa Dutailly, responsable des relations presse et attachée de presse de Monsieur énumère à voix haute et sans hésitation les futurs évènements : une collaboration avec la marque de chaussures Mellow Yellow prévue en boutique pour le mois d’août prochain, une ligne enfant « JC/DC Heroes » pour la saison printemps-été 2012, des t-shirts créés pour les 125 ans de Coca Cola et exposés jusqu’au 26 juin rue de la Boétie à Paris (8e)…

« Les services sont tous liés, l’atmosphère est familiale. La création est au cœur de chaque service et selon moi, Monsieur est une des personnes les plus connectées que je connaisse, tant au monde réel que virtuel. En phase avec le web 2.0, il est à mes yeux un grand Monsieur » confie Alexandra Nervi, en charge du pôle web (l’e-boutique, le blog et le community management). Quant à Stéphanie, 22 ans, c’est avec un sentiment de frustration qu’elle finit son stage après deux mois au service des relations presse. « C’était trop court. Ce que je retiendrai de cette expérience ? Je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir une telle proximité entre un créateur et son équipe. Cette bienveillance qu’il a à notre égard est aussi formatrice que dynamisante ».

En pleine communication de crise après à l’annonce du redressement judiciaire, Léa Dutailly reste sereine. « Le plus gros est passé et Monsieur a tenu à parler directement aux journalistes. » Céline Lopes de son côté explique calmement que « la situation se calme petit à petit en attendant une décision finale dans le courant de cet été. Un redressement judiciaire n’est pas une liquidation. Il s’agit d’une protection administrative légale en attendant l’arrivée de nouveaux partenaires financiers. Nous sommes dans une phase de transition et nous restons vigilants ». Cette « crise » ne met en aucun cas en péril l’optimisme de l’équipe. Chez JCDC, on est déjà en 2013.

* * *

Pour ceux qui désireraient avoir un petit aperçu de ce à quoi va ressembler mon article final, cliquez ici !

16 commentaires:

Tiphaine a dit…

Très bon article ! j'aime de plus en plus ton blog :)

Ne change rien !

AP a dit…

J'ai lu ton article avec grand intérêt.

Concernant le redressement judiciaire, tu devrais en mentionner la cause puis passer rapidement dessus, alors que là tu termines sur ce sujet et c'est ce qui reste le plus dans l'esprit du lecteur ! (qui en plus se lance dans toutes sortes de spéculations : fraude fiscale ? contrats non respectés ? partenariats rompus ?...).

Autre chose : quand tu dis "c’est avec un sentiment de frustration qu’elle finit son stage" on a l'impression qu'elle a loupé son stage et que ça s'est mal passé ! Tu devrais peut-être dire : "c'est avec regret qu'elle voit arriver la fin de son stage" ou qqchose comme ça.

Enfin, on a un peu un sentiment de culte de la personnalité autour de JCDC...(!)

:*)

Anonyme a dit…

Top cet article ! :)

Lorraine a dit…

Très bon.

Un grand plaisir de lire et d'apprendre autant de choses.

Et la photo est vraiment top !

E.V a dit…

Je trouve ton article très bien écrit et interessant, on y apprend plein de petits détails, etc...
Le seul petit truc qui est un peu dérangeant, à mon avis, c'est le mot "monsieur", qui est beaucoup répété, après ce n'est que mon avis!
Est ce que votre dossier sera dispo quelque part, sur le site de l'efap par exemple ?
Voilà en tout cas bravo et merci de nous faire partager cette article sur ton blog (:

AG a dit…

tres chouette ton article miss, et on en aprend bcp! j'aime

Anonyme a dit…

Très bien fait vraiment. Bonne idée d'avoir mis en avant la vision de l'équipe.

Farah a dit…

Un article très intéressant à lire!
J'aime beaucoup la façon dont tu dépeint JCDC et sa maison. On a l'impression de découvrir un créateur avant tout humain, proche des gens et dicté par son amour pour l'art. Tu donne vraiment envie d'aller à leur rencontre et d'en savoir plus sur cette maison !
J'aime aussi la façon dont tu termine ton article, sur cette phrase optimiste qui nous pousse à continuer, à aller de l'avant, à foncer. :)

Glory-Box a dit…

Tu écris bien, c'est fluide, efficace, agréable à lire ! Jolie plume Marion ! C'est sympa de nous faire partager ça, cela permet d'aller plus loin que "la blogueuse-mode et ses fringues, ses genoux rentrés et les ventes presse" ! La preuve, c'est la première fois que je commente alors que je te suis depuis le début je crois !! ( Je ne sais pas si tu n'as pas encore validé les commentaires d'où l'absence de réaction, mais je trouve dommage ,dans le cas inverse, que cela n'intéresse pas tes lecteurs autant que ta dernière tenue !)
Bonne continuation !

Anaïs a dit…

Super cet article bien écrit et représentant bien l'atmosphère chez JCDC. J'y ai fait aussi un stage de 3 ème pendant une semaine. Bientrop court à mon gout !

Romain a dit…

Bel article bravo, un peu long sur un blog mais nickel pour une double page ;-).

Anonyme a dit…

Hey,

Bel article, le fond est sympa, l'angle exploité intéressant.

Si je peux me permettre quelques remarques : le style n'est pas vraiment fluide au début : phrases trop longues et syntaxe complexe. Mais, à partir des "témoignages" cela devient plus simple à lire.

Que d'éloges de toute son équipe... Presque trop élogieux pour être crédible mais c'est possiblement du à mon pragmatisme...

Ceci ne se veut pas accusateur mais motivant, continue, c'est une très bonne base

Maud

Galliane a dit…

Le milieu parisien ne prend pas de "P" majuscule, mais bien minuscule. Maîtresse Cappello. ;-)

Anonyme a dit…

bien l'article!

pryscalise a dit…

Un vrai plaisir à lire cet article : )

Anonyme a dit…

D'accord avec un des commentaires, un peu trop élogieux pour être vrai.
Jean Charles de Castelbajac est quand même en redressement judiciaire...

http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/05/27/la-maison-jean-charles-de-castelbajac-placee-en-redressement-judiciaire_1528181_3234.html

 
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