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dimanche 6 décembre 2009

Teens en vogue

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Il y a déjà un bon bout de temps, alors que je flânais dans les rayons d'un bureau de presse pour m'acheter quelques magazines français, je suis tombée sur le Teen Vogue de novembre qui était à prix réduit (ça arrive que, une fois "obsolètes", des magazines soient bradés ! C'est rare, ce n'est pas systématique, mais ça m'arrange bien !). Je l'ai donc acheté, car plus j'ai de magazines à lire, mieux je me sens. (Je suis complètement accro aux magazines de mode).

Il faut dire que j'ai eu une belle surprise en lisant ce numéro. La cible du magazine est peut-être plus jeune, mais ça n'empêche que je me suis reconnue dedans et qu'il m'a fait très plaisir. Tout d'abord, dans les premières pages, une petite publicité pour le Teen Vogue Handbook (qui fait partie de ma wish list de Noël : papa, maman, petit frère, si vous me lisez...) avec une phrase qui accroche : Do you have a passion for fashion ?

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C'est là que j'ai envie de crier OUI ! Et en même temps je repense à quand j'étais plus petite ainsi qu'à mon adolescence. Quels étaient les magazines auxquels on avait droit ? Miss, Girl, Jeune & Jolie pourvus d'un ramassis d'éditos mode poupouffe et autres articles sexos encore plus débiles les uns que les autres. De temps en temps, nous avions droit à un petit magazine en supplément dans les magazines de nos mères tels que ELLE Girl ou Mlle Figaro et là j'étais la plus heureuse. Mais pourquoi ça ne continue pas ? Pourquoi les filles en France qui aiment la mode, qui aimeraient en faire leur métier ou qui sont passionnées n'ont pas de magazine qui leur correspondent ? Je lis ELLE depuis très longtemps, mais parce que ma mère est abonnée ou l'a au moins acheté tous les lundi (maintenant vendredi). Je n'avais que ça à me mettre sous la dent pour rassasier mes envies de mode. Et puis acheter Vogue, c'était hors de question pour moi à l'époque, trop cher, trop inaccessible, trop luxueux, je pensais que je n'y comprendrais rien et je m'auto-censurais.

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Ce Teen Vogue ne prend pas ses jeunes lectrices pour des débiles. Au contraire. Il fourmille de trucs et astuces, il donne de l'espoir. En lisant les articles, en feuilletant les pages, en lisant le courrier des lectrices, j'ai vraiment ressenti que ce Teen Vogue nous crie : tu es jeune ? Tu es motivée ? Tu vis ta passion à fond et tu veux en faire ta vie ? Alors voilà comment il faut faire, voici des conseils, sois motivée, un jour tu y arriveras, il faut en vouloir. Regarde ces exemples, regarde ces filles qui ont réussi (ci-dessous, des témoignages et portraits de stagiaires au sein des équipes du magazine Vogue qui ont fini par décrocher un emploi... en temps de crise !), crois-y, garde espoir, bosse à fond, donne toi les moyens (en plus nous sommes là pour t'aider, fais toi offrir le Teen Vogue Handbook !) et tu y arriveras.

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C'est quand même autre chose que les articles bidons auxquels les jeunes filles en France ont droit quand elles achètent des magazines dont elles sont la cible... J'aimerais tellement qu'en France aussi on prenne les adolescentes au sérieux. Pourtant nous avons la Fashion Week, nous avons un rayonnement mode assez conséquent, notre bon goût et allure sont prônés et sacralisés dans le monde entier. Je n'exagère pas, dès que je rencontre des étrangers je leur demande quelle image ils ont de la France et des françaises et j'obtiens souvent les mêmes réponses : luxe, gastronomie, allure, ce petit je ne sais quoi, le mythe de la parisienne, Chanel, la mode, le french kiss, vuley vu cuchey ave moi cé souar...

Alors pourquoi en France quand une adolescente dit "je veux travailler dans la mode" on la regarde comme un gosse qui dirait "moi plus tard, je veux être astronaute !". On pense que c'est un stéréotype, on pense "oui c'est bien ma fille, allez file faire tes devoirs, passe ton bac et on en reparle après". Bien sûr ce n'est que mon avis. Bien sûr ce ne sont que des généralités. Peut-être que je vois les choses de cette manière parce que je viens de la province, de la campagne profonde et que je n'ai jamais été élevée à Paris au milieu de la féerie de la mode (je vous invite d'ailleurs à lire ce post de Garance Doré ainsi que la tonne de commentaires qu'il a reçu). Pourquoi en France est-on stupéfaites de voir sur Lookbook ou sur des blogs étrangers des filles de 15 ans surlookés tandis que nous à leur âge nous n'avions l'air de rien (d'ailleurs, filez lire l'article de TokyoBanh Bao à ce sujet) ? D'accord il y a internet, les blogs, mais je pense surtout qu'en France, on laisse la mode "aux grandes personnes", tandis qu'à l'étranger, la mode n'est peut-être pas aussi sacralisée.

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Puisqu'on parle de blogs, je suis heureuse d'être en 2009 et d'en avoir un. Je me souviens qu'à son ouverture j'en avais honte dans la vraie vie, mais j'en étais fière sur internet. Maintenant ça m'indiffère sur internet mais j'en suis fière dans la vraie vie. Ca commence à devenir difficile pour moi de ne pas en parler. J'ai remarqué qu'à chaque nouvelle rencontre (et j'en fais beaucoup cette année vu que chaque personne qui croise mon chemin est forcément nouvelle) le sujet de mon blog arrive très vite sur le tapis. Il fait partie de moi, il m'a permis de rencontrer des personnes géniales, d'entrer en contact avec des personnes que j'admire, m'offre des opportunités auxquelles je n'aurai jamais osé prétendre (mon stage chez Glamour en fut la preuve) et je croise les doigts pour que ça continue. Mon blog ne me fait pas gagner un centime, mais ce qu'il me rapporte n'a pas de prix.

J'ai bien conscience que j'ai l'air d'un pur produit de la génération Star Ac'. De croire qu'avec la petite (très petite, voir microscopique) visibilité médiatique que me donne mon petit blog mode amateur je peux essayer de trouver un job qui me fait rêver plutôt que de suivre des études qui ne me plaisent pas. Alors quand je vois des filles comme Tavi, Jane, Lisa, Susie ou encore Kenza, ça me donne de l'espoir. Je me dis que ce que j'aime faire n'est peut-être pas vain et je m'en donnerai les moyens.

Et puis j'ajouterai : à quand un Teen Vogue français ? A quand un ELLE girl ou un Mlle Figaro mensuels, voir hebdomadaires ? Quand est-ce qu'on nous prendra au sérieux, nous les petites filles françaises pleines de rêves qui ne sont pas réservés qu'aux riches, qu'aux grandes personnes ou qu'aux parisiennes ? Quand est-ce qu'on arrêtera de penser que la mode c'est "le Diable s'habille en Prada" ou un monde d'écervelées et de filles superficielles ?

 
Marion Rocks